Voici d’autres poèmes que j’ai écrits sur la route. Bonne lecture 🙂
Grèce.
La Méditerranée c’est pareil partout
Des champs d’oliviers par milliers
Des millions de plages où se baigner
Mais les vacances ont un coût
Des déchets qui jonchent les routes
Une bourrasque et c’est une bouteille qui vole
Si seulement l’unique problème était l’alcool
Mais c’est tout le mode de consommation qui coûte
A l’environnement, qui a besoin de centaines d’années
Pour se débarasser de ce foutu plastique
Vraiment l’Europe n’est guère mieux que l’Amérique
Quand cessera-t-on de polluer ?
Je continue de pédaler
Vois toujours plus de vacanciers,
Me dis que cette situation n’est pas tenable
La société du tout jetable
Quand tous les continents consommeront comme nous
Quand les océans auront déchaîné leur courroux
Il sera trop tard pour agir
Tous dans le même bateau, nettoyons le navire
Pour vivre mieux
Réalisons de meilleurs vœux
Arrêtons d’être des moutons
Et ensemble, marchons dans la bonne direction.
Grèce (2)
Comme à la maison sauf qu’ici je ne connais personne
Les mêmes paysages tous les jours je traverse
Et les grillons qui me bercent
Me font oublier qu’en Grèce les voitures me klaxonnent
Moins, et la route n’est que plus difficile
De longues ascensions que j’enchaîne
Avec des descentes sinueuses, quelle aubaine
Et en manque de sucres je pédale sans style
A la recherche d’un n-ième supermarché
Pour une nouvelle boisson sucrée
Du pain et du tahin,
Et bien sûr des bananes
Qui sont une incroyable mâne
D’énergie, peu importe où
Je suis, mon alimentation reste la même
Quelques fruits de plus ou de moins
Sinon du pain et du tahin
C’est comme ça que je sème
Assez de graines, pour repartir
Remonter sur le vélo qu’il fasse 40 ou 0,
Sur la route j’ai les crocs
Et en ligne de mire,
Toujours un nouveau cap
Une destination qui me pousse
A quitter mon confort, ici pas de housse
De couette, ni de draps
J’improvise, je réduis et me contente de peu
Je continue malgré les creux
Un coup de pédale de plus,
Un coup de pédale de plus
Je sais que je reviendrai un jour ou l’autre
Avec un projet qui sera le nôtre.
Six nuits.
Six nuits à te contempler
O ciel étoilé
A imaginer d’autres mondes
Que tu réfléchis sur l’onde
Des vagues qui me bercent
Ciel et mer vous êtes toujours frères
Poséidon tu es roi dans la mer,
Zeus c’est avec ta foudre que tu transperces
Et tous les deux vous régnez
Toutes les batailles vous gagnez
Nous les mortels ne sommes que de passage
Des observateurs qui connaissent bien les adages
Vivre avec vous plutôt que de vous combattre
Pour ne plus avoir cette sensation âpre,
Un peu de vent et de l’eau salée
C’est tout ce qu’il nous faut pour exister.
L’usine.
Seule sur ma route
Le bruit des usines j’écoute
Elles me parlent
Me disent qu’il faut être vénal
Elles veulent que je revienne
Dans leur antre, pour me dévorer comme une hyène
Broyer mon corps
En m’offrant soi-disant du confort
L’usine je l’ai connue pendant un an
Je lui ai beaucoup donné
Puis je l’ai laissée tomber.
Sklithro.
Soleil rougeâtre
Bientôt la nuit mais je continue de me battre
En pleine ascension sur ma route déserte
Je me dis que mon corps est tout sauf inerte
Je gravis la montagne avec les derniers rayons
De soleil, qui rebondissent sur mon dos tel un ballon
J’observe le ciel changeant
Tandis que mon corps est en mouvement
Seule dans ce microcosmos
Je suis une astronaute égarée
Gravissant la bosse,
Et quelque peu perdue sans sa fusée
Des couleurs à en faire pâlir un peintre
Je suis là, ne sachant où me mettre
Invitée à ce spectacle ésotérique
J’en ai les yeux qui piquent.
Mont Olympe.
Mont Olympe
C’était 20 heures et tu étais embrumé
De grands nuages t’entouraient
Mont Olympe
Tu étais mystérieux à cacher ta pointe
Derrière ce drap blanc qui protégeait ton enceinte
Mont Olympe
Pour la première fois je t’ai vu
Et en un instant mon cœur a fondu
Mont Olympe
J’ai repensé à la famille qui vit là-haut
A la boîte de Pandore et tous ces maux
Mont Olympe
Tu m’as éclairé dans la nuit profonde
Et guidée comme un berger dans ce monde
Mont Olympe
Tu étais si majestueux
A chatouiller les cieux
J’étais sur mon vélo
Et tu étais là-haut
Mont Olympe tu étais si beau.
La descente.
62km à l’heure
Et à toute vitesse bat mon cœur
Je fonce dans la descente
M’y enfonce comme dans une antre
En bas un lac et des champs
Rien de fantasmagorique, et pourtant
Les sensations sont toujours plus fortes
Comme si je marchais au cœur d’une cohorte
Il faudra sûrement remonter
Mais j’ai encore quelques secondes pour souffler
Profiter de cette ivresse qu’est la vie
Et que je chaque jour je bénis.
Vent de face.
Vent de face
Quelle grâce !
Je fais du sur place
Et tel un mur de glace,
Tu me raidis le corps.
Les muscles ensuqués
Je suis gelée, et,
Lutte pour vivre encore.
Je vois ton onde sur la broussaille
O vent, quel adversaire de taille !
Déchaîné comme dix maux sortis de leur cage,
Tu tords même le fer sur ton passage.
Cesseras-tu un jour, ou cherches-tu notre perte ?
Veux-tu trouver l’amour, ou rendre nos corps inertes ?
Turquie.
Trop occupée à vivre
Pour prendre la plume et écrire
On m’invite à boire du thé
Me salue à longueur de journée
Personne ne me connaît et cependant
Je me sens moins étrangère qu’en restant
A la maison, où l’on ne connaît pas les voisins
Alors qu’ici on me sourit de bonne heure le matin
Finalement c’est l’UE qui ne mérite pas la Turquie
Trop de générosité comparé à ma patrie
Des gens chaleureux et accueillants
Une merveille, l’ancien empire ottoman !
UE.
Comme si l’appartenance à une organisation créait une marque déposée
Qui nous empêche de penser
Exilée sur la chaussée
Ici personne ne m’offre de thé.