En attendant les articles sur la fin du voyage (j’écrirai à mon retour en France, je suis actuellement à Vienne après plus de 6000km à vélo), voici quelques poèmes écrits sur la route ces dernières semaines. Bonne lecture !
Bulgarie.
Forêt bulgare
Couleurs automnales
Les feuilles craquent
Et moi patraque,
Je déboule sur mon vélo
Musique en stéréo
Seule sur une chaussée abîmée
Je patine dans la montée
Des gouttes tombent
Et toujours pas un homme
En vue. Je pédale plus fort
Tandis que mon corps
Se réchauffe. Enfin la descente
Mais je tremble car il vente.
Je traverse un village
Vois des jeunes de mon âge
Et dans la nuit profonde
Je continue ma ronde.
Où dormir ? Je cherche un chemin isolé
En trouve un près d’une maison abandonnée
Et montre ma tente. La pluie reprend,
Mais au sec je suis à l’abris du mauvais temps.
Demain il faudra repartir,
La mer Noire en ligne de mire.
Mais j’ai encore ce soir pour écrire,
Manger mes vivres et bien dormir.
Roumanie.
Je m’enfonce dans la forêt
Pédale sans arrêt
Animée par la douceur automnale
J’en oublie que j’ai souffert, le visage pâle
Comme si une nouvelle vie débutait
Je vois des arbres par milliers
Ca grouille, ça chante
Et moi toujours aussi lente
Je continue, parmi les vignobles
Me rappelle ma vie à Grenoble
Le bon vin et le reblochon
La crème de marrons
Bientôt le retour en France
Et une vie qui recommence.
Bucarest.
Chaos urbain
Boulevard roumain
Que fais-je ici
Loin de ma patrie ?
Zigzaguant entre les voitures
Il me faudrait presque une armure
Des portières qui s’ouvrent
Faites qu’on me couvre !
Le même capharnaüm à ma droite
Comme à ma gauche, des citadins dans leur boîte
Et moi sur mon deux roues
J’évite les fous
Du volant, rebondis sur le trottoir
Utilise les flaques comme mirroir
C’est une course pour le temps
Voir de nouveaux printemps
Je dépasse les voitures immobilisées
En quête d’équilibre, pour ne pas tomber
Et après deux longues heures qui paraissent une journée
J’arrivée enfin de l’autre côté
J’ai traversé Bucarest
D’est en ouest
Et, exténuée,
Une question hante mes pensées :
Pourquoi tant de monde entassé
Dans si peu de mètres carrés ?
Serbie.
Le plat pays
C’est ici aussi
En Roumanie
Comme en Serbie
Des champs de blé
Durant une éternité
Ou de maïs
Tandis que je glisse
La pluie n’aide pas
Et je ne peux pas
Changer de chaîne.
Pas de télécommande
Que de la viande
Quelle aubaine !
Du poulet, du bœuf,
Rien de bien neuf
A l’est peu de légumes
Personne n’est poids plume
Et moi, dans tout ça
Je pédale sur le plat
Toujours la même chose
C’est une journée morose
A quand les sommets ?
Je rêve de remonter
Conquérir de nouvelles montagnes
Ce serait moins le bagne
Que de pédaler sans ne rien voir changer
Que de voir des terrains souvent abandonnés
O maudits champs de blé
Quand vais-je enfin te quitter ?
Budapest.
Des touristes affairés
Et moi dans mes pensées
Pourquoi rentrer ?
J’ai trouvé ma paix
1 an est passé
Et ici rien n’a changé
Toujours des touristes sur la chaussé
Et un nouveau couple de mariés.
Retour.
Les kilomètres défilent
Le linge sale s’empile
Et moi dans ma bulle
Libre comme une libellule
Je traverse l’Europe
L’euphorie me dope
Retour progressif à l’ouest
Mais j’ai guère envie de quitter l’est
Je commençais à m’y plaire
A apprécier cette atmosphère
Ici plus de portes qui s’ouvrent
Je n’ai plus envie de revoir le Louvre.