Comment j’ai traversé la frontière entre la Colombie et l’Équateur

La solution la plus économique pour traverser la frontière entre les deux pays est de prendre des bus (au total comptez 30€ entre Cali et Quito pour 700km de trajet).

Je me rends ainsi au terminal de Cali pour prendre mon premier bus, qui doit me mener à Ipiales – la dernière ville colombienne avant l’Equateur. 

Les terminaux de bus sont gigantesques en Amérique latine – puisqu’il n’y a pas (ou peu) de trains, le réseau de bus est très développé. Mieux vaut arriver en avance !

Je me perds un peu dans le terminal avant de demander de l’aide et de comprendre que les bus partent du dernier étage. Je sympathise dans la file avec un colombien avenant, qui parle très bien anglais et a voyagé en Europe. Malheureusement il va à Bogota donc nos chemins se séparent ! 

Comme d’habitude, la climatisation est au maximum dans le bus donc je sors trois ou quatre épaisseurs pour dormir. J’arrive à Ipiales avec près de deux heures d’avance – les chauffeurs sont décidément rapides – et prends un taxi pour aller au Santuario de Las Lajas. J’avais lu des articles en amont et quand j’y suis, je ne suis pas déçue ! Le lieu en vaut le détour.

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J’engage la conversation avec un groupe de voyageurs composé d’une française, d’une suissesse et d’un allemand. Les deux filles font un tour de l’Amerique centrale et latine depuis la fin 2017, et nous faisons un bout de chemin ensemble lorsque je les recroise à la frontière. 

De retour à Ipiales, je prends un taxi pour aller à la frontière puis fais une première fois la queue devant le bâtiment colombien. Le lieu est déjà noir de monde malgré l’heure matinale (9h) à cause de la crise vénézuélienne qui pousse de nombreux habitants à immigrer dans d’autres pays d’Amérique latine.

01CDF746-E2F5-49FC-B411-BB0C36FF969CJe me retrouve d’ailleurs dans leur queue pendant une bonne demi-heure, ne comprenant pas où je dois attendre. Finalement je vois deux touristes changer de file et comprends qu’il y a une queue spéciale pour les vénézuéliens et une deuxième pour toutes les autres nationalité – cette dernière étant presque vide. 

À partir du moment où je suis dans la bonne queue, tout va beaucoup plus vite et j’ai mon tampon colombien de sortie du pays en 30 minutes. 

Je sympathise avec les touristes que j’avais vu, deux russes qui reviennent d’Equateur. Ils m’expliquent qu’ils étaient journaliste en Russie mais qu’à cause du pouvoir politique actuel, ils ont du changer de profession et se tourner vers la traduction de livres en anglais… entre la crise vénézuélienne et les droits de l’homme en Russie, je me retrouve reporter sans frontière pour une journée ! 

Et ce n’est pas fini puisqu’une fois le pont traversé, je suis du côté équatorien mais je ne comprends toujours pas où je dois attendre. Je demande de l’aide aux policiers colombiens qui n’en savent trop rien et me disent qu’il n’y a qu’une file.

Une fois de plus je me retrouve donc avec les vénézuéliens, et je leur pose quelques questions avec mon espagnol débutant. 

Une vénézuélienne – qui n’est pas plus âgée que moi – gère un groupe d’une vingtaine de vénézuéliens et intègre de nouvelles personnes dès qu’il y a des voyageurs seuls dans la file. Elle me demande d’ailleurs si je suis à la recherche d’un groupe ! 

Partie le 5 juillet du Venezuela, elle a traversé la frontière à la ville colombienne de Cúcuta comme de nombreux autres vénézuéliens. Cela fait donc 4 jours qu’elle voyage, et ce n’est pas fini. J’apprends un peu plus tard des policiers frontaliers que les vénézuéliens doivent attendre environ 3 jours du côté équatorien avant de pouvoir partir vers Quito. Dans le bâtiment colombien tout va plus rapide – la vénézuelienne me disait n’avoir attendu que quelques heures.

Dans la file, je vois ainsi des familles avec leurs grosses valises rose bonbon, des doudous qui dépassent, des enfants en bas âge…  bref, des gens qui ont tout quitté dans leur pays pour reconstruire une vie ailleurs.  Un peu plus loin je vois même des familles entières dormir à même le sol, en attendant leur tour.

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Lorsque je comprends que je suis une fois de plus dans la mauvaise file – en voyant des touristes passer sur ma droite – je quitte les vénézuéliens et nous échangeons quelques mots d’adieu.

Du côté équatorien, l’attente est plus longue pour moi aussi (2 bonnes heures). La frontière est toujours noire de monde, peuplée de vénézuéliens qui attendent dans l’impatience.

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5417AD53-4EB7-4338-91F3-68831B311AE1Lorsque j’arrive devant le bureau frontalier, on me demande si je suis célibataire et l’employé inscrit ma réponse dans leur système – les autres voyageurs avec qui je discute n’ont pas eu droit à cette question, soit. Mais lorsque j’entends « bienvenue en Equateur ! » je réalise enfin que je suis dans un nouveau pays et que l’aventure va continuer pour moi !! Bonheur.

Au final j’ai mis environ 3h30 pour traverser la frontière, cela aurait pu être pire. J’avais rencontré des touristes qui avaient attendu jusqu’à 7h ! Sans évidemment parler des vénézuéliens qui doivent attendre plusieurs jours. 

Mais une fois la frontière traversée, ce n’est toujours pas fini. Il faut ensuite prendre un taxi pour aller jusqu’à la ville la plus proche (Tulcan) puis un bus pour Quito. Heureusement pour moi j’avais anticipé et échangé des COP colombiens contre des dollars avec les russes que j’avais croisé – pas de commission, youhou!. Surtout que le bureau de change de Tulcan me proposait 50 dollars pour 50 euros. Ils prennent vraiment les touristes pour des pigeons, tout le monde sait que l’euro est plus fort. J’essaie de négocier avec lui puis voyant son inflexibilité, je lui dis que je pars s’il ne me propose pas un meilleur change. Il fait la sourde oreille, alors je m’en vais. Bon vent !

Le trajet jusqu’à Quito est long, et dure près de 6h. Comme d’habitude des vendeurs montent ici et là pour proposer de la nourriture et des boissons, et l’un d’entre eux se lance meme dans un rap -comprenant une partie des paroles, je réalise que c’est une chanson dédiée aux vénézuéliens qu’il trouve courageux de quitter leur pays et qu’il souhaite rassurer en leur expliquant qu’ici un petit gâteau coûte moins d’un dollar (contre des millions au Venezuela à cause de l’inflation!).

Je sens d’ailleurs le soulagement des vénézuéliens d’arriver en Equateur : selfies avec tous les passagers du bus, éclats de rire pendant la diffusion d’un film (Pearl Harbour, qui n’est pas le plus comique du monde)… 

J’arrive à Quito vers 20h, heureuse de pouvoir enfin retrouver mon hôte couchsurfing après avoir quitté Cali à 21h la veille !

PS : Je recommande la lecture de ces deux articles avant de traverser la frontiere, ils m’ont bien aidé à me repérer :

http://fivepointfive.org/how-to-get-a-bus-from-cali-to-quito/ 

https://andestransit.com/portal/en/5-ways-to-cross-the-colombia-ecuador-border

8 réflexions sur “Comment j’ai traversé la frontière entre la Colombie et l’Équateur

      1. Ah bien j’en profite alors ! Je pense faire 6 semaines et me concentrer sur 3 pays. Pérou sur! Mais je voudrais aller dans des plus petits pays, éviter le Brésil, l’Argentine…j’hésite entre Paraguay Colombie Bolivie équateur…je serai sûrement seule

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      2. Equateur c’est un petit pays t’auras le temps de voir pas mal de choses en 2 semaines 🙂 Bolivie j’y suis en ce moment et deux semaines ont l’air de suffir aussi (en plus c’est vraiment pas cher haha!)

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      3. Ah ! Intéressant! C’est que j’ai pensé à faire plusieurs pays mais j’ai vraiment envie de prendre mon temps… la qualité et pas la quantité !! En tout cas merci 🙂

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      4. Yes dans ce cas en Equateur tu auras vraiment du temps 🙂 j’ai consacré trois semaines au Perou et j’avais souvent l’impression d’etre pressée par le temps, il y a trop de choses à voir !

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      5. Pas pour le Pérou car les distances sont grandes (bien souvent 9/10h de bus entre deux villes, et jusqu’à 22h si tu prends Lima-Cusco!)

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